Le musée de la soierie
Dès le XIII° siècle, Charlieu - qui est alors une ville importante - groupe de nombreux marchands de toile et, certainement, de nombreux tisserands. Au XVII° siècle, le tissage des toiles de chanvre est l’une des principales activités des habitants de Charlieu et des paysans des communes environnantes. Ils tissent surtout de la toile d’étoupe pour fabriquer des sacs. Un changement important se produit avec l’arrivée du coton dans la région à la fin du XVII° ou au début du XVIII°. Les toiles tissées à Charlieu et dans les environs, dites " beaujolaises ", se vendent alors dans toute la France et même à l’étranger. A partir de 1764, Charlieu, comme Thizy et Belleville, dans le Rhône, a son " bureau de la marque des toiles ". Son rôle consiste à vérifier les coupes de tissu. Sur les pièces reconnues conformes aux règlements, une empreinte indélébile est apposée, sans laquelle elles ne peuvent circuler sous peine de confiscation.
En 1827, un fabricant lyonnais, Barthélemy Roux, a l’idée d’installer à Charlieu et à St Bonnet-de-Cray des métiers de soierie. Peu à peu, le tissage de la soie va supplanter celui du coton. En 1880, on compte quelques 10.000 métiers à bras à Charlieu même et dans les environ.
A partir de 1880, les métiers mécaniques, actionnés par la vapeur, font concurrence aux métiers à bras : les canuts partent travailler à "la fabrique". De nombreuses usines se construisent et, vers 1900, on compte 8.000 ouvriers et ouvrières en soierie et 6.000 métiers.
L’électrification de la ville de Charlieu en 1909 stoppe l’évolution vers la concentration industrielle et voit la renaissance des ateliers domestiques. Le tissage de la soie à Charlieu suscite ou encourage de nombreuses autres activités artisanales ou industrielles, comme la teinture, la fabrication de navettes, de bobines, etc.
Aujourd’hui, le tissage continue à Charlieu et dans ses environs, malgré l’importante réduction du tissu industriel dans les années 50 à nos jours. La spécialité demeure le tissu pour robe et ameublement . L’industrie soyeuse de Charlieu travaille aujourd’hui pour la Haute Couture : Kenzo, Yves-Saint-Laurent, Givenchy, Christian Lacroix, sont parmi ses clients. Elle fournit aussi des tissus pour le prêt-à-porter haut de gamme et du tissu d’ameublement pour les demeures luxueuses du monde entier. L’évolution des marchés a amené les entreprises à persifier leurs productions dans les domaines des tissus techniques (anti-feu, anti-bruit, pour revêtements de sièges de l’automobile et des transports en commun, etc…)
Le Musée de la Soierie, qui a ouvert ses portes en mai 1992, a pour objet de valoriser et mettre en scène le patrimoine textile de la région de Charlieu qui a été ou est concernée par le tissage de la soie , avec le travail à domicile ou avec l’implantation d’entreprises importantes. Les collections du Musée comprennent du matériel textile, dont de rares machines en bois du XIX° siècle, mais aussi des métiers à tisser de la première moitié du XX° siècle et un métier contemporain permettant ainsi d’appréhender l’évolution technologique de ce secteur d’activité sur deux cents ans. Plusieurs métiers à tisser fonctionnent devant le public, montrant concrètement la façon dont se réalise le tissu.
Un autre pôle important des collections concerne la Corporation des Tisserands, la dernière en activité en France. D’un grand intérêt historique, ethnologique et artistique, ce fonds est intégré dans la présentation muséographique et constitue sans doute un des points forts du Musée par son originalité.
Un très bel ensemble de robes de soie, de la fin du XIX° à la période contemporaine, des étoffes somptueuses, des documents d’archives, des photographies d’ateliers ou d’usines textiles complètent cette exposition permanente.
Un autre îlot permet de découvrir la production actuelle de la région de Charlieu à travers une présentation des entreprises et des échantillons de leurs dernières collections.
Enfin, des projections vidéo illustrent d’autres aspects spécifiques de la production soyeuse : élevage du ver à soie, teintures et apprêts, impression…
Le Musée de la Soierie est un musée contrôlé par la Direction des Musées de France. Il a reçu en 1991 le prix de la Fondation de Crédit Agricole "Pays de France".